examens en tous genres
Les examens ont commencé. On y est. Je vous l'avais dit, même quand on veut pas qu'il arrive n'importe quel jour finit par arriver. Alors on fait avec. Comme avec la météo. Et comme il fait pas beau, et qu'on ne peut même pas ramasser les dernières cerises, je vais faire un petit bilan.
Je dirais que nous avons eu beaucoup trop de rapports à faire, comme si nous étions des machines à écrire (vous savez, l'imprimante avec un clavier?) avant d'être des paysans. Mais il faut aussi reconnaître que la plupart des ces rapports nous ont été utiles pour toucher du doigt ce qui nous attendait, pour nous poser les bonnes questions avant l'installation.
MAIS Y EN AVAIT QUAND MEME TROP DES RAPPORTS !!!!!!!
Et sinon, j'ai adoré cette formation:
- qui nous a déconnecté du monde du travail dans lequel nous avons investis en vain (ou presque) nos 15 dernières années.
- qui nous a montré qu'on pouvait vivre autrement dans le travail, avec un rapport beaucoup plus sain, valorisant et gratifiant, ce qui manque à la plupart des sociétés.
Se déconnecter, c'est important. C'est beaucoup mieux que des vacances. Les vacances, c'est juste fait pour se reposer. C'est bien, mais ça n'amène pas grand chose. Apprendre, comprendre comment fonctionne une plante, un être vivant, je trouve ça bien plus enrichissant que d'apprendre à manager une équipe. D'abord, vous pouvez être le meilleur manager de la place, votre équipe, elle fera jamais de lait.
Et pourtant, le manager d'entreprise est aussi un éleveur. Un éleveur d'homme, un berger pour son troupeau d'humains. Lui aussi il doit leur faire cracher des rendements, de la productivité. Pour maintenir l'activité, il leur fournit juste de quoi manger, se loger et s'habiller. De quoi revenir le lendemain, pas plus.Je pense que c'est calculé encore plus finement qu'un apport d'azote. Et parfois, comme l'éleveur, il doit aussi se séparer des bêtes qui montrent trop de faiblesses.
Finalement, manager ou éleveur, c'est un peu le même métier. Mais je préfère les chèvres, me demandez pas pourquoi. Sans doute pour voir le soleil se lever un peu plus souvent. Et regarder mon troupeau évoluer plutôt que de le commander. Savoir pourquoi je me suis levé le matin. Sans doute aussi parce qu'on est plus humains avec les bêtes qu'avec les humains.
Pierre Rabhi compare notre société à un élevage d'humain en hors sol. C'est tout à fait exact. Alors que la plupart d'entre nous a du mal à comprendre pourquoi une vache ne mange plus d'herbe dans les prés, nous sommes une grande majorité à ne plus connaître ni les saisons, ni les cycles de la vie. Nous sommes ce que nous mangeons, ni plus, ni moins.
J'entends souvent dire que si l'ensemble de l'agriculture était mené en bio, la moitié de l'humanité crèverait de faim.Ca serait terrifiant si ça n'était pas déjà le cas. Et pourtant, la moitié de l'alimentation produite sur Terre sert à nourrir des animaux, oui oui, la moitié. Alors, on aura beau augmenter tous les rendements avec les bons OGM du docteur Monsanto, ça servira toujours à nourrir des bestiaux avant de nourrir des hommes. Ne vous laissez pas avoir par ces raisonnements. Personne n'en a rien à faire des crève la faim. Ils ne sont pas solvables. Pourquoi produire pour eux ? Par contre voler leurs terres, leur seule ressource, pour y produire du soja transgénique, là, pas de problème.
Donc voilà pourquoi la déconnection était importante. Appuyer sur la touche "Reset" et recommencer. Aborder les choses sous un autre angle. On devrait tous le faire au moins une fois.
Mais vous, plus je vous regarde, et plus je vous trouve pas en forme. Pourtant, sur TF1 on vous dit bien que la crise est finie. La prospérité revient. Vous le croyez j'espère ? Je vais quand même vous faire une ordonnance.
Premièrement, on arrête de manger de la viande tous les jours. Quand on en mange, on accepte de la payer cher, chez un boucher, un volailler, et on vérifie qu'elle vienne de France, et on se régale avec, au lieu de l'engloutir devant le journal télé. Une à deux fois par semaine.
Deuxièmement, on se bouge le derrière pour trouver un ou des petits producteurs pas trop loin de chez soi, et on se débrouille pour consommer des produits locaux et de saison. Une à deux fois par semaine. C'est bon et c'est pas compliqué. Allez, cliquez là dessus
Troisièmement, on essaye de redécouvrir son environnement, on ouvre les yeux, et on se pose des questions. c'est très stimulant. Et si on a un peu de terrain,on y fait un potager.
Quatrièmement, on arrête de croire qu'on ne peut rien faire à son niveau. Si on peut.