Comme pour les terres, ce blog est en jachère
Comme pour les terres, ce blog est en jachère depuis quelques mois. Les jachères, ça permet de laisser reposer la terre, et quand on dit reposer, c'est tout l'inverse justement, car ça relance tout plein d'activités à l'échelle microscopique. On ne voit donc rien, mais ça fait du bien.
Ce blog donc, est en jachère disais je. Ce ne sont pas les sujets qui manquent. Certains en feraient de pleines pages, mais là, je n'ai pas l'inspiration. Il faut dire que je n'écris qu'en réaction à quelque chose, je suis toujours contre quelque chose, souvent de manière irréfléchie. Vous raconter que j'ai détruit un vieux bâtiment et qu'on a coulé des fondations, ça ne m'amuse pas. Et pourtant, c'est vrai, et ça m'a demandé beaucoup de travail. Mais quel intérêt pour toi lecteur ? Tu m'as déjà vu faire ça. La première fois, oui, ça pouvait être intéressant car il y avait la découverte, mes impressions et puis, chaque journée apportait son lot de plaies, d'échardes, ma main n'était qu'un amas de chair. Quand je portais un sac de ciment, je devais aller voir l'ostéopathe. Si je faisais de la plomberie, c'était toujours en maillot de bain. De la soudure, toujours avec beaucoup d'humour. L'électricité ? Non, je préfère pas y toucher. Disons que j'apprends par l'expérience, et l'électricité n'est pas un professeur très miséricordieux. Alors j'évite. non, tu m'as déjà vu faire tout ça, et le problème, c'est que je le fais mieux à présent.
Les mises bas me diras tu. Et bien, on les attend. Dans quelques jours, dans quelques heures. Les vacances prennent fin. Enfin suis-je tenté de dire. J'aime bien le rythme des traites, des livraisons, causer avec les clients, les collègues paysans, entendre les louanges de certains_ au marché, voir dans la poussette ce qui n'était encore que dans le ventre à la saison passée, et puis enfin, voir si on a bien tout compris de l'année dernière, des bêtises qu'on a faites, parce que faut pas croire, mais l'année qui vient, elle est autant mon partenaire que mon adversaire. L'année qui vient, c'est une grande partie de cartes, avec son lot de hasard et de stratégie. Mais il est difficile de rajuster sa stratégie pendant le jeu. Ce qu'on a semé est semé, et le début de lactation conditionne toute la suite. Je comparerais notre métier au curling. On lance un gros machin sur la glace, et après, on essaye de le diriger avec des moyens frôlant le ridicule en implorant par dessus tout tous les dieux de l'Olympe.