En vrac, douleur.
A genoux en train de faire le joint du carrelage de la fromagerie, tu serres les dents tant tu as mal à l'avant-bras, même les yeux qui se mouillent sous la douleur. Mais tu ravales, tu penses à ce que tu dois finir, pas le choix.
Ne pas se plaindre parce que ça ne sert à rien, ça ne fait pas avancer et tu penses à ton mari qui subit la même chose de son côté... putain d'avant bras qui ne veut pas suivre, qui ne veut pas rester au diapason de notre moral qui lui, reste bon.
Plus tu as mal et plus tu penses à ce que tu dois encore faire avec cet avant-bras rebelle. C'est pas fini encore ? Ah ben non, il en reste des trucs à faire, des trucs à faire avec ton avant-bras de merde. Tiens, tu parles mal, mince, tu dois avoir super mal alors. Ben oui.
Bizarrement, tu penses surtout à la fabrication des fromages. Il faut loucher, loucher avec cet avant-bras et dans ton souvenir, ça fait mal avant de prendre l'habitude. Re-mince, tu vas encore souffrir. A toi qui goutera mes premiers fromages, j'espère que tu les apprécieras car ils auront été fait avec patience mais dans la douleur.
Tu penses aussi dans ces moments là, que la douleur est obligatoire pour ensuite apprécier tout ça. Genre "on l'a fait", "on a fini".
Tu penses aussi à ceux qui sont seuls pour faire tout ça, tu leur tires ton chapeau parce que ce qui te fait tenir, c'est ta moitié qui partage ta douleur mais qui rit encore de tes aneries et qui te regarde avec fierté. Il est fier ton mari de voir sa femme couverte de tâches diverses, avec du joint sur le bout du nez et la poussière du carrelage sur les lunettes (note : c'est bien la peine de se faire belle).
Et en plus, tu de dis que ça pourrait être bien pire car les chèvres vont bien, nous allons bien (mieux si on nous coupait ces avants-bras maudits mais bon, ça peut encore servir) et en plus, il fait beau.
Allez, tu arrêtes de penser, tu regardes droit devant, tu te retourneras plus tard pour en profiter.